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Immigration en Suède : une réussite en trompe-l'oeil

11 septembre 2006

»La question est bien là, mais aucun des grands

»La question est bien là, mais aucun des grands partis ne cherche à gagner des électeurs sur l'immigration, car il n'y a aucun avantage à en parler», explique Marie Demker, politologue à l'université de Göteborg.

Les deux grands blocs politiques à droite et à gauche affichent du reste des vues similaires : ouverture du pays à l'immigration, accent sur les programmes d'intégration, lutte contre la ségrégation et la discrimination à l'embauche.

Cet absence de débat dans la campagne peut surprendre car la Suède, avec 9 millions d'habitants, accueille 800.000 immigrants. 20 % de la population suédoise est d'origine étrangère.

Serait-ce le signe qu'au pays du consensus social les conflits que connaissent la plupart des pays européens sur l'immigration seraient maîtrisés?

»Pour le reste du monde, nous avons parfaitement réussi l'intégration des étrangers, mais je ne pense pas que l'on puisse parler de réussite quand des médecins conduisent des taxis», estime Ivan Daza, un Suédois d'origine bolivienne qui vient de créer son agence de recrutement spécialisée pour les immigrés.

»C'est très suédois de mettre les problèmes sous le tapis. La Suède est une société très ouverte, mais nous devons améliorer notre processus d'intégration», ajoute-il, »sinon on risque la catastrophe».

Un pronostic partagé par Marie Demker pour qui le problème numéro un est l'emploi car trop d'immigrés restent au chômage ou ne trouvent pas de travail à la hauteur de leurs qualifications.

»Si les immigrés qui sont déjà ici ne trouvent pas de bons emplois, dit-elle, ils risquent d'être marginalisés».

La Suède a commencé à ouvrir ses portes à l'immigration dans les années 50. Au début, les immigrés sont surtout d'origine européenne, puis dans les années 80 arrivent des Turcs, des Iraniens, des Irakiens.

En 2005, le pays a accueilli quelque 54.000 immigrés avec en tête des Polonais, des Irakiens et des Thaïlandais. On estime qu'il y aurait entre 60.000 et 100.000 illégaux en Suède.

La société se montre généreuse pour ses immigrés légaux : droit de vote aux élections locales, naturalisation accélérée, enseignement financé par l'Etat de la langue maternelle en plus du suédois.

Néanmoins ce multiculturalisme commence à susciter des réactions de rejet et de discrimination. »Beaucoup de Suédois ont peur, surtout de musulmans dont ils ne connaissent pas la culture», indique Marie Demker.

Un parti politique d'extrême droite cherche à capitaliser ce phénomène mais sans succès pour l'instant, contrairement au Danemark voisin où le Parti du peuple danois compte 24 députés.

»Le problème le plus important est celui de l'immigration et nous voulons moins d'immigrés», explique Jimmie Aakesson, le chef du parti »Sverigedemokraterna» (Les démocrates suédois).

Le parti, qui a tenté pour cette élection de changer son image de parti néo-nazi en lissant son message, plafonne à 2,5% des intentions de vote, en dessous des 4% nécessaires pour entrer au parlement.

»Nous ne voulons pas de ceux qui veulent seulement venir en Suède pour tirer profit de notre Etat-providence et de l'argent des contribuables», dit M. Aakesson. »Ceux qui peuvent rester devront devenir de vrais Suédois, respecter nos valeurs», ajoute-t-il.

Pour Ivan Daza, une intégration réussie serait un immense atout pour la Suède. Dans le cas contraire, predit-il, »nous risquons d'avoir les banlieues en feu comme en France. Peut-être pas maintenant, mais dans quelques années».

Source : Tageblatt. Notre édition du Lundi, 11/09/2006

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Immigration en Suède : une réussite en trompe-l'oeil
  • L'immigration, thème politique majeur dans toute l'Europe, reste absente de la campagne électorale en Suède, pourtant devenue une société multiculturelle où des problèmes d'intégration se profilent à l'horizon.
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